Quelques « historietas » espagnoles

Santana Bonilla, « Que no es tan fiero el León… », Madrid cómico, n° 27, 6 juillet 1901.
Source : Biblioteca Virtual de Patrimonio Bibliográfico.

 

Au tournant du XXe siècle, l’Espagne a connu sa vague de revues illustrées et les histoires en images y fleurirent comme partout en Europe. Il est aujourd’hui possible de découvrir un aperçu de cette production grâce à la Biblioteca Virtual de Patrimonio Bibliográfico, projet coopératif espagnol de numérisation d’imprimés et de manuscrits. De nombreux journaux de cette époque y sont consultables tels que Madrid cómico (1), La Revista moderna, La Tomasa, Pluma y Lapiz ou encore Gedeón. Voici une sélection de planches que nous avons pu y glaner.

L’histoire en image que nous avons mis en tête d’article, « Que no es tan fiero el León… », fut publiée en 1901 dans la revue Madrid cómico. Elle est signée par un certain Santana Bonilla. Il s’agit d’une histoire de chasse plutôt ingénieuse, dans l’esprit de celles que Benjamin Rabier dessinaient à la même époque en France. Bonilla y explique avec fantaisie comment tuer un lion, « petite bête innocente et coquette », avec un miroir et une bouteille de parfum.

C’est surtout le style graphique baroque du dessinateur qui fait la différence : remarquez la silhouette longiligne et contorsionnée du chasseur, le modelé noueux des corps tout en fines hachures qui s’opposent aux aplats noir et blanc du décor. L’originalité de cette planche vient aussi du cadrage très serré des cases qui n’hésite pas à couper les personnages et les objets. Et pour concentrer l’action de son histoire, Bonilla représente en contrepoint dans le miroir le lion qui s’approche au loin. L’avant-dernière case, elle, est quasiment abstraite : le nuage de fumée produite par le coup de fusil envahit la case et nous cache la scène, rappelant ainsi les images excentriques des bandes dessinées de Gustave Doré, Cham ou encore Christophe.


V. Buil, « Escena muda… sin palabras », Pluma y lápiz, n° 104, 19 octobre 1902.


Pimentillo, « La influencia del arte », La Revista moderna, n° 19, 10 juillet 1897.


R. Marín, « El sport del día. Un asalto amistoso », La Revista moderna, n° 8, 24 avril 1897.


Moya, « La serpiente de mazapán », Madrid cómico, 29 décembre 1888.


Moya, « El sombrero de duelo », Gedeón, n° 215, 3 janvier 1900.


Sancha, « El colmo de la distracción ó Dos entomólogos y una víctima »,
La Revista moderna
, n° 112, 21 avril 1899.



M. Navarrete, « Una noche de luna », Pluma y lápiz, n° 14, 3 février 1901.

 

Rojas, « Y los sueños, sueños son », Madrid cómico, n° 50, 15 septembre 1900.

 

Cilla, « Una picardia », Madrid cómico, n° 184, 28 août 1886.


L’Espagne n’échappe pas au virus… Dans son édition du 28 août 1886, Madrid cómico publie un avatar du gag de l’arroseur arrosé. Cette variante est signée par l’un des pionniers de la bande dessinée ibérique : Cilla, pseudonyme de Francisco Ramón Cilla y Pérez (1859-1937). « Una picardia » (une espièglerie, en français) s’inspire fortement de la première version connue, celle de Hans Schließmann dans la revue allemande Fliegende Blätter du 15 août 1886. On notera la rapidité de la contagion puisque cette planche espagnole fut publiée une douzaine de jours seulement après l’allemande…


« La noche á perros, historieta en colaboración », Madrid cómico, n° 24, 14 juin 1902.

 

Cette dernière bande dessinée est des plus originales : en effet, chacune des quatre cases de cette historieta en colaboración a été réalisée par un dessinateur différent, soit dans l’ordre : Medina Vera, Donaz, Méndez Alvarez et Santana Bonilla (qui a dessiné l’histoire du lion et du chasseur reproduite plus haut). Pour cette page oubapesque, les piliers du Madrid cómico de l’époque n’ont pas fait dans la simplicité et il faut s’attarder sur chacune de ces longues images pour dénouer les liens de cause à effet.

A la suite, voici quelques fantaisies graphiques, principalement tirées de la revue Pluma y lápiz de 1901,dont cette page de rébus digne d’un poème lettriste :

 

Víctor, « Jeroglífico », Pluma y lápiz, n° 53, 3 novembre 1901.


« Cantar en accion », Pluma y lápiz, n° 104, 19 octobre 1902.

 

 

Xaudaró, « Iniciales para llevarlas en la cara », Pluma y lápiz, n° 28, 12 mai 1901.

 

Mecáchis, « Dibujo tipográphico », Madrid cómico, 27 juin 1891.


Enfin, bien qu’il ne fut pas publié à l’origine dans l’une de ces revues espagnoles (mais allemande), nous ne pouvons nous empêcher de reproduire ce magnifique « baiser moderniste » :

« Un beso modernista », Madrid cómico, n° 41, 12 octobre 1901.

  1. D’autres années du Madrid cómico sont également disponibles sur le site de la Biblioteca digital de la Comunidad de Madrid. []
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3 Comments

  1. says: Töpfferiana

    Merci à vous.

    @Li-An : Je manque surtout de courage pour passer chez un hebergeur pro…

    @Renaud Chevanne : Oui, bien vu ! Maintenant, je me rappelle très bien de cette bande dessinée de Silvestre, et ça me donne envie de la relire !

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