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[Mise à jour du 26 avril 2017] Cette page est devenue obsolète (elle reste cependant consultable ci-dessous). Retrouvez le catalogue des albums et feuilletons publiés à Paris et Genève (1835-1905) sur cette page.

 


Sur cette page, vous trouverez un inventaire in progress des albums de littérature en estampes et d’histoires en images parus au XIXe siècle.



La « littérature en estampes » de Rodolphe Töpffer

« Faire de la littérature en estampes, ce n’est pas se constituer l’ouvrier d’une donnée pour en tirer, et jusqu’à la lie souvent, tout ce qu’elle comporte. Ce n’est pas mettre au service d’une fantaisie uniquement grotesque un crayon naturellement bouffon. Ce n’est pas non plus mettre en scène un proverbe ou en représentation un calembour ; c’est inventer réellement un drame quelconque, dont les parties coordonnées à un dessein aboutissent à faire un tout ; c’est, bon ou mauvais, grave ou léger, fou ou sérieux, avoir fait un livre, et non pas seulement tracé un bon mot ou mis un refrain en couplets. »

Rodolphe Töpffer, Essai de physiognomonie,1848.





Liste des albums de littérature en estampes de Töpffer  qui furent publiés (pour consulter leur version numérique voir notre article) :



Histoire de M. Jabot, 1833.

Monsieur Crépin, 1837.

Les amours de M. Vieux Bois, 1837.

Monsieur Pencil, 1840.

Dr. Festus, 1840.

Histoire d’Albert, 1845.

Histoire de M. Cryptogame, 1846.





La « collection des Jabot »

« Vous avez créé le genre et vous n’avez pas encore vu le dernier de vos imitateurs. »
(Lettre de Jacques-Julien Dubochet à Rodolphe Töpffer, 1er juillet 1845).



La littérature en images de Töpffer ne sera pas une expérience sans lendemain. La maison d’édition parisienne Aubert, fondée par Charles Philipon, publie sans son autorisation les albums du Genevois en 1839. Philipon les fait redessiner par un dessinateur anonyme, les vend à la moitié du prix de l’édition suisse originale et les lance à grand renfort de publicités.

Ces ouvrages sont un véritable succès, les histoires de Jabot, Crépin et Vieux-bois sont ainsi piratés dans la même année. A la suite, c’est le jeune caricaturiste Cham (pseudonyme d’Amédée de Noé) qui s’essaye au genre : entre 1839 et 1842, il donnera sept albums qui viendront compléter cette « collection des Jabot ».

En 1847, Philipon rattache tardivement un douzième et dernier titre à la collection. Il est l’oeuvre d’un jeune dessinateur de 15 ans encore inconnu : Gustave Doré (1).



Les 12 titres de la « collection des Jabot » :



1.   Non signé (d’après Töpffer), M. Jabot (1839).

2.   Non signé (d’après Töpffer), M. Crépin (1839).

3.   Non signé (d’après Töpffer), M. Vieux-Bois (1839).

4.   Non signé (Cham), Histoire de Mr. Lajaunisse (1839).

5.   Non signé (Cham), Histoire de M. Lamélasse (1839).

6.   Non signé (Edmond Forest), Histoire de Mr. de Vertpré et de sa ménagère aussi, (1840).

7.   Cham, Histoire de Mr. Jobard (1840).

8.   Cham, Deux vieilles filles vaccinées à marier, (1840).

9.   Cham, Un génie incompris. Histoire de la vie de M. Barnabé Gogo (1841).

10. Cham, Histoire du prince Colibri et la fée Caperdulaboula (1842).

11. Cham et Fénélon, Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse, (1842).

12. Gustave Doré, Les Travaux d’Hercule, (1847).

 

 

Extrait de la section « Albums comiques » du catalogue des éditeurs Aubert et Cie, 29 place de la bourse à Paris, 1851.

 

Les autres « Albums comiques » de la maison Aubert

Dans le catalogue de la maison Aubert, les ouvrages d’histoires en images sont rangés dans la catégorie « Albums comiques », sans autre distinction (2). Entre 1842 et 1847, dates d’édition des deux derniers volumes de la « collection des Jabot », les histoires en images commencent à apparaître dans la presse (L’Illustration, Le Charivari) et s’adaptent à ce nouveau format. Les bandes dessinées de Cham publiées en feuilleton dans Le Charivari sont réunies en album édités par Aubert :

Voyage de Paris dans l’Amérique du Sud, poussé jusqu’au Hâvre inclusivement (1845). Cet album reprend une série publiée en 8 livraisons dans Le Charivari entre le 1er décembre 1844 et le 9 janvier 1845, tout en y ajoutant six planches inédites (3).

– Impressions Lithographiques, de Voyage par M.M. Trottman & Cham (1845(4)). Egalement prépublié dans Le Charivari en 20 livraisons entre le 5 novembre et le 13 décembre 1845.

Nouveaux voyages et nouvelles impressions lithographiques, phylosophiques & comiques de M.M. Trottman et Cham (5). Cet ouvrage fait suite au précédent. Il ne fut pas prépublié dans Le Charivari mais sorti directement en album à la suite, au début 1846(6).

 

En 1851, soit quatre ans près avoir donné le dernier volume de la « collection des Jabot » (Les Travaux d’Hercule, 1847), Gustave Doré publia deux autres albums d’histoires en images chez Aubert :

– Gustave Doré, Trois Artistes incompris et mécontents, leur voyage en province et ailleurs, leur faim dévorante et leur déplorable fin, 1851.

– Gustave Doré, Dés-Agréments d’un voyage d’agrément, 1851.



Ces deux ouvrages sortirent respectivement en février et novembre (7). C’est entre ces dates qu’apparaît en librairie un autre album signé par Lefils (8) :

– Lefils, Comment on étudie la médecine à Paris. Histoire de Fiascaud, (bien aimé) ex-étudiant, ex-noceur, viveur, polkeur, aujourd’hui père de famille et propriétaire, 1851.

 

Deux autres extraits du catalogue Aubert et Cie, 1851.

 

Trois albums d’histoires en images publiés en l’espace d’une année… La maison Aubert tente-t-elle de relancer ce format éditorial ? Quoiqu’il en soit, aucun autre album de ce genre ne fut publié par la maison Aubert après 1851. Même si des histoires en images sont régulièrement publiées dans la presse (et notamment dans Le Journal pour Rire également dirigé par Philipon), ce type d’album ne semble plus faire recette. Ils restèrent cependant longtemps disponibles : en janvier 1853, Arnauld de Vresse reprend le fonds d’illustrations et d’albums d’Aubert (il restera actif comme libraire-éditeur jusqu’en 1870) et rééditera sous son nom Comment on étudie la médecine…, tout comme les deux albums de Gustave Doré (9).

A suivre…

 

Mise-à-jour du 11 février 2009 : Une partie de cette page, traduite en italien par Massimo Cardellini, est consultable sur son site : Letteratura&Grafica.

Mise-à-jour du 6 février 2015 : Précisions apportées à propos de albums de Cham prépubliés dans Le Charivari.

Mise-à-jour du 17 juin 2015 : Ajout du lien vers la version numérisée d’Un génie incompris.

  1. A lire : Leonardo de Sá, « Aubert, le “pirate” qui a inventé les albums de bandes dessinées », Le Collectionneur de bandes dessinées, n° 108, Automne 2006, p.32-33. []
  2. Rappelons qu’à l’époque on ne différenciait pas les histoires en images des autres formes de caricatures. []
  3. Le titre de la série dans Le Charivari est légèrement différent de celui de l’album : il ne contient pas « du Sud ». []
  4. Une publicité annonce la sortie d’Impressions lithographiques dans le Journal des débats politiques et littéraires du 10 décembre 1845. []
  5. Merci à Michel Kempeneers pour cette indication. []
  6. La sortie de cet album est mentionnée dans la Bibliographie de la France n° 51 du 17 janvier 1846. []
  7. Trois artistes… est annoncé dans Le Journal général de l’Imprimerie et de la Librairie du 1er février 1851. Aubert réalisa le dépôt légal de Dés-Agréments d’un voyage d’agrément en novembre 1851, comme le précise Annie Renonciat dans sa préface pour la réédition de cet album aux éditions Le Capucin en 2001. []
  8. Comme en témoigne une publicité dans Le Journal pour Rire du 31 octobre 1851. Le catalogue de la maison Aubert qui est joint à la suite de l’histoire de Lefils confirme la publication postérieure des Dés-Agréments… Il indique en effet que cet album de Gustave Doré est « sous presse ». Voir l’extrait du catalogue reproduit dans cet article. []
  9. Ces rééditions ne sont malheureusement pas datées. []