Forain, « Les étrennes de Sylvanie », L’Echo de Paris, 19 janvier 1893. Source : gallica.bnf.fr
En matière de bande dessinée, c’est un euphémisme de dire que Forain fut moins prolixe que son grand ami Caran d’Ache. Les deux courtes histoires qui suivent sont, à notre connaissance, les seules réalisées par le dessinateur auquel une exposition est actuellement consacrée au Petit Palais à Paris (Jean-Louis Forain (1852-1931) « La Comédie parisienne »).
En janvier 1893, Forain rejoint la rédaction du quotidien L’Echo de Paris. Il y donne chaque semaine un dessin dans lequel il s’attaque avec ironie aux moeurs de son époque (1). Dès sa deuxième livraison, il publie coup sur coup ces deux séquences, en deux parties chacune, qui s’étalent en bas de page tel un stripavant l’heure. Après cet essai, il reviendra définitivement au dessin légendé.
Dans « Les étrennes de Sylvanie », parues les 12 et 19 janvier 1893, Forain suit le destin d’un bijou en or offert par un vieux bourgeois à un petit rat. La chute, cynique et froide, témoigne de la verve cruelle du dessinateur.
« — C’en est ? — Pour sûr que c’en est ! ça r’luit assez pour ça ! — Ma p’tite, c’est manigique !
— Vous me reconduisez en voiture… pas ? »
« – Deux douzaine d’huitres, une bouteille de champagne… et faites-nous du feu. – C’est tout d’même rupin, un vieux !
– J’vas montrer ça à ton père. / [Au-dessus de la porte : Mont-de-Piété] »
Dans « Les bonnes filles de Paris » publiées les 26 janvier et 2 février suivants, le dessinateur place sa séquence dans l’atelier d’un rapin sans le sou. On imagine que l’attitude finale de la blanchisseuse est assez osée pour l’époque.
« — Ma rosse de patronne ne veut pas vous rendre vos chemises sans argent.
— En v’la un’ guigne… ça m’fait rater une commande !
— Pas de linge. Pas de feu. Pas de tabac. Et c’est dimanche ! »
« — J’suis t’y gentille ! j’apporte de quoi vous en blanchir une…
Maintenant qu’elle sèche vous allez me faire un’ petit’place. »
Une fois sur le site Gallica, n’hésitez pas à utilser la fonction Zoom (en haut à gauche de l’image) pour regarder ces dessins de plus près.
- Cette collaboration à L’Echo de Paris s’arrêtera en août et reprendra pourquelques semaines en novembre et décembre de la même année. Forain reviendra dans les pages de ce quotidien en janvier 1899 pour y donner jusqu’en décembre 1902 sa chronique intitulée « Doux pays », dessin d’actualité hebdomadaire, bien plus politique.[↩]
Excelent!