© Trustees of the British Museum. Source
Les neuf images présentées ci-dessus forment à l’origine un rouleau de soie long de 5 mètres (par 25 cm de hauteur) sur lequel est peint les différentes étapes de la décomposition du corps d’une courtisane. La première image montre la femme vivante et richement vêtue. A la suite, son cadavre nu et abandonné en plein air se putréfie progressivement, jusqu’à être dévoré par des chiens sauvages. Il se réduit in fine à quelques ossements épars.
Ce rouleau est l’œuvre du japonais Kobayashi Eitaku (1843-1890), peintre établi à Tokyo qui reste connu aujourd’hui pour ses nombreuses illustrations des premiers chirimenbon, « livres sur papier crépon » pour enfants, écrits par Hasegawa Takejiro (1853-1936). Il réalise également des estampes en couleur dans le style ukiyo-e et donne des illustrations pour les journaux dès les années 1870, au début de l’ère Meiji, époque à laquelle aurait été peint notre rouleau.
De cette séquence aux réminiscences baudelairiennes, il émane encore aujourd’hui une fascinante beauté macabre. L’art de Kobayashi Eitaku réside ici dans une combinaison subtile qui mêle l’illustration de l’impermanence bouddhique, l’étude médico-thanathologique et la gravure érotique japonaise (shunga).
En passant, on se souviendra de la destinée tout aussi fatale que connut la prostituée dessinée par William Hogarth (1697-1764) en 1732 dans sa suite de six gravures A Harlot’s Progress (« La Carrière d’une courtisane »)…
William Hogarth, A Harlot’s Progress, série de 6 gravures, 1732.
Très belle série. Pour information, elle fait partie de la tradition bouddhiste des kusô-zu, qui représente les différentes étapes de décomposition d’un cadavre féminin.
Grand merci pour la qualité des informations et des recherches présentées sur le site.
Merci pour cette précision et votre message.