En choisissant la bande dessinée pour réaliser la biographie de Salvador Dalí (1), à l’occasion de la rétrospective qui lui est actuellement consacrée, le Centre Pompidou savait-il que le peintre surréaliste s’était essayé au genre dans sa jeunesse ?
A Figueras, en 1916, le jeune Dalí est alors âgé d’une douzaine d’années. Comme beaucoup d’enfants, il écrit et dessine des histoires. Ces feuilles noircies sont destinées à une seule lectrice, sa sœur cadette Ana Maria, qu’il cherche ainsi à distraire lorsque celle-ci est malade. Dalí lui offre parfois des histoires en images, comme celles que l’on trouve à l’époque dans les journaux illustrés, en Catalogne comme ailleurs en Europe. Il est fort probable que le jeune artiste ait recopié certaines des pages de ces revues.
Aujourd’hui conservées par la Fondation Gala-Salvador Dalí, ces œuvres nous sont connues grâce au catalogue de l’exposition Salvador Dalí : the early years qui se tint à la Hayward Gallery de Londres en 1994 (2). Elles font écho aux bandes dessinées du jeune Sergueï Eisenstein qui datent à peu près de la même époque et que nous avons reproduit dernièrement.
En 1935, Dalí se trouve aux Etats-Unis où sa peinture commence à être appréciée. Il réalise des études pour un film qui ne sera finalement pas réalisé : Les Mystères surréalistes de New York. Ce projet s’inspirait d’un serial de Louis Gasnier datant de 1915, Les Mystères de New York (The exploits of Elaine en VO) : une riche héritière, aidée par un détective, lutte contre un mystérieux criminel nommé « La Main qui Etreint » (The Clutching Hand) qui a assassiné son père et en veut à sa fortune.
Travaillant sur cette version hallucinée du film muet, Dalí réalisa deux belles pages de dessins préparatoires, entre storyboard et bande dessinée. Se souvint-il alors de ces pages qu’il dessinait, une vingtaine d’années plus tôt, pour sa sœur ?
Salvador Dalí, Etudes pour le scénario des Mystères surréalistes de New York, page 1, 1935. Fondation Suñol, Barcelone.
Supplément du 17 avril 2014 : Salvador Dalí, de passage à la librairie spécialisée Antica à Paris en 1967, déclare : « La bande dessinée sera la culture de l’an 3 714. Vous avez donc 1 827 années d’avance et c’est très bien ainsi. En effet, cela me laisse le temps nécessaire pour réaliser un collage avec ces quatre-vingt illustrés que j’emporte. Ce sera la naissance du B.D.-Art et à cette occasion nous ferons un gigantesque vernissage avec ma divine présence le 1er mars 3 794 à 19 heures très précises. » Cette citation avec une photographie du Maître entouré d’illustrés pris dans la librairie a paru en une du Collectionneur français n° 31 de décembre 1967.
Une photo dans une meilleure définition parue dans la revue Phénix n° 5 du 4e trimestre 1967.
- Edmond Baudouin, Dalí par Baudoin, co-édition Centre Pompidou/éditions Dupuis, 2012. Voir le dossier que consacre la Cibdi à cette rencontre dessinée : http://www.citebd.org/spip.php?rubrique323[↩]
- Michael Raeburn (dir.), Salvador Dalí : the early years, Thames & Hudson, Londres, 1994[↩]
Bon retour Antoine!
Et post aussi magnifique!
Merci Max !
Last year I wrote this article about the subject. It’s written in catalan language. Enjoy it!
Bon jour,
en catalan on peut lire cet article de Sebastià Roig
http://webnegre.wordpress.com/2011/12/09/els-ninots-de-dali/
Merci pour le lien. L’article semble en effet très intéressant.