Gustave Doré, Histoire pittoresque, dramatique et caricaturale de la sainte Russie,J. Bry, 1854, p. 51. Source : Gallica.bnf.fr
En attendant la rétrospective qui lui sera consacrée en 2014 au musée d’Orsay, on patientera en consultant les albums de bandes dessinées de Gustave Doré (1832-1883), aujourd’hui tous disponibles en ligne.
Avant de se consacrer à l’illustration et la peinture, l’artiste a réalisé dans sa jeunesse, entre 1847 et 1854, quatre albums et une poignée d’histoires en images publiées dans Le Journal pour Rire. Cette étoile filante de l’histoire de la bande dessinée a repoussé la narration graphique dans ses premiers retranchements, explorant ses possibilités réflexives ou métanarratives, multipliant les inventions graphiques, jouant avec l’espace de la page. Il faudra attendre Winsor McCay, un demi-siècle plus tard, pour qu’un artiste fasse preuve d’autant d’inventivité, de jeu et de liberté.
Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur les histoires en images de Gustave Doré, nous les renvoyons vers l’article très complet de Thierry Groensteen disponible sur son site : « Gustave Doré, pionnier de la bande dessinée ».
C’est à l’âge de quinze ans que Gustave Doré dessine Les Travaux d’Hercule. Ce premier album, qui s’inspire du modèle töpfferien, est publié par la maison Aubert en 1847 dans sa fameuse « Collection des Jabot ». Il est aujourd’hui consultable sur le site de la BnF.
Gustave Doré, Les Travaux d’Hercule, Aubert, 1847.
En 1851, Aubert publie deux autres albums d’histoires en images de Doré. Le titre complet du premier est Trois Artistes incompris, méconnus et mécontens, leur voyage en province et ailleurs, leur faim dévorante et leur déplorable fin.
Gustave Doré, Trois Artistes incompris…, Aubert, 1851. Source : Andy’s Early Comics Archive
Il suivi quelques mois après de Dés-Agréments d’un voyage d’agrément (1).
L’exemplaire des Dés-agréments d’un voyage d’agrément consultable sur Gallica (ci-dessus) constitue la troisième édition de cet album réalisée par Féchoz et Letouzey et lithographiée par Lemercier (2). Cette réédition — la seconde faite au XIXe siècle — daterait de 1882, comme l’indique une publicité de l’éditeur de l’époque que nous avons retrouvée (Feuilleton du Journal général de l’imprimerie et de la librairie, n° 47, du 25 novembre 1882).
Enfin, le dernier des quatre albums de bandes dessinées de Gustave Doré, publiée chez le libraire-éditeur parisien J. Bry aîné en 1854, fut son chef d’œuvre : Histoire pittoresque, dramatique et caricaturale de la Sainte Russie. L’album vient tout juste d’être mis en ligne sur le site des collections numérisées de la BnF.
Enfin, quelques-unes des histoires en images de Gustave Doré publiés dans Le Journal pour Rire sont disponibles, toujours sur Gallica :
– « Une ascension au Mont Blanc », n° 37, 12 juin 1852 ;
– « Les vacances du collégien », n° 51, 18 septembre 1852 ;
– « Une heureuse vocation », n° 54, 9 octobre 1852 (3).
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A noter également, les articles en ligne suivants qui traitent des bandes dessinées de Gustave Doré :
– Annie Renonciat, préface de la réédition de Dés-agréments d’un voyage d’agrément par les éditions Le Capucin en 2001.
– Susan Pickford, « L’image excentrique et les débuts de la bande dessinée : Gustave Doré et Les Dés-Agréments d’un voyage d’Agrément (1851) ».
– Camille Filliot, « L’invitation au voyage dans les premières bandes dessinées d’expression française ».
Mise à jour du 7 juin 2018 : Retrouvez tous les ouvrages de Gustave Doré dans le catalogue des albums publiés à Paris et à Genève (1835-1905), inventaire détaillé et illustré des 75 albums de bande dessinée publiés au XIXe siècle.
- Ces deux ouvrages sortirent respectivement en février et novembre : Trois artistes… est annoncé dans Le Journal général de l’Imprimerie et de la Librairie du 1er février 1851. Aubert réalisa le dépôt légal de Dés-Agréments d’un voyage d’agrément en novembre 1851, comme le précise Annie Renonciat dans sa préface pour la réédition de cet album aux éditions Le Capucin en 2001.[↩]
- Pour cette réédition, l’éditeur a supprimé la page de titre et fait réimprimer les lithographies recto verso. La couverture a été tirée en trois tons, dont un noir et un blanc, et un bistre avec dégradé et rehauts de blanc. Cf. Annie Renonciat, préface de la réédition de Dés-agréments d’un voyage d’agrément par les éditions Le Capucin en 2001.[↩]
- Cette histoire est également consultable sur le site Coconino Classics : http://www.old-coconino.com/modules/dore/vocation/vocation_00.htm[↩]